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Guinée : Le littoral, un potentiel économique et écologique, menacé de toute part

Dernière mise à jour : 12 déc. 2020


Depuis quelques années, le littoral ouest africain connaît une mutation exponentielle de tout azimut. Pourtant, cet espace abrite des mangroves, des plages sableuses et des herbiers marins qui sont essentiels à la biodiversité et au développement durable des pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest.

A elles seules, les mangroves contribuent à la protection du littoral face à l’élévation du niveau marin et aux événements climatiques extrêmes, jouent un rôle écologique important en tant que zone de repos, de reproduction et d’alimentation de nombreuses espèces, en plus des ressources qu’elles procurent aux communautés. Aussi, la plupart des plages sableuses constituent des sites de pontes des espèces telles que les tortues marines.

Spécialement, la zone côtière guinéenne abrite de multiples usages, dans le secteur primaire, hormis dans les zones urbanisées. Les différents milieux que l’on y rencontre se prêtent à l’agriculture, l’élevage, l’agroforesterie, la pêche mais aussi à des activités industrielles minières et hydroélectriques ou encore certains secteurs émergents tels que le tourisme.

Malgré les bienfaits de cet espace naturel, force est de constater qu’il est en proie des projets de développement tels que les infrastructures touristiques, urbaines, portuaires et minières, (cas dans le delta de Kapatchez dans la région de Boké). Cela s’accompagne par la dégradation des sites de pontes des tortues marines, de la mangrove et de régression des surfaces d’herbiers marins.


Ainsi, face à cette situation, l’ONG Guinée Ecologie, dans le cadre de mise en œuvre du Projet de réduction des impacts des infrastructures sur les écosystèmes côtiers en Afrique de l’ouest (PRISE), a organisé le 27 novembre 2020 à Conakry, une conférence-débat. L’objectif a été de communiquer sur : « les enjeux et défis liés à la gestion du littoral en Guinée » et « le rôle écologique des mangroves et leur importance pour les communautés ».

S’agissant les enjeux et défis liés à la gestion du littoral en Guinée, exposé par M. Mamadou Saliou Diallo, Conseiller technique principal de ladite ONG, il a souligné : « les mangroves constituent la principale formation végétale et le principal habitat de la zone côtière. Elles sont au cœur d’un écosystème littoral complexe offrant des services environnementaux multiples et précieux ; la pêche, la riziculture en casier et la construction en bois en dépendent largement, et les mangroves jouent un rôle unique dans le piégeage sédimentaire, la stabilisation du trait de côte, ou encore la dépollution des eaux côtières ».

Parlant du ‘’rôle écologique des mangroves et leur importance pour les communautés’’, M. Sidibinet Sidibé a expliqué que les mangroves favorisent la stabilité de trait de côte, abritent une grande biodiversité animale, ces sont des habitats où certains poissons viennent s’y reproduire, d’autres y assurent leur croissance. Elle sert de protection aux juvéniles avant leur migration dans les eaux côtières. Des prédateurs viennent s’y nourrir (même jaguar ou l’Ibis rouge). Les crabes y sont nombreux, certaines espèces se nourrissent de débris végétaux, d’autres de petites proies. Elles contribuent au cycle mondial du carbone et la production de litière sous forme de feuilles qui tombent, de branches et d’autres débris. Etc.

SELON LE CONFÉRENCIER, LES FONCTIONS ET SERVICES ÉCOLOGIQUES RENDUS PAR LES MANGROVES ONT ÉTÉ ESTIMÉS À AU MOINS 1,6 MILLIARD DE DOLLARS (1,2 MILLIARD D’EUROS) PAR AN.

Quant à leur Importance pour les communautés, M. Sidibé cite entre autres : le tourisme qui est source de devises, création d’emplois, source de revenus pour les communautés. Sur le plan de développement : (constructions d’infrastructures),

FACTEURS MENAÇANTS

Lors de la conférence, M. Diallo a déploré la pression exercée sur les mangroves. « On constate depuis cinquante ans une réduction annuelle moyenne des surfaces de 4,2 %. Plus de la moitié des superficies répertoriées dans le milieu du vingtième siècle ont aujourd’hui disparu sous l’impact direct des activités anthropiques », précise l’environnementaliste.

Ce n’est pas tout. Le conseiller technique principal de Guinée Ecologie indique que « plusieurs secteurs sont consommateurs de surfaces de mangrove : le commerce du bois ; l’agriculture paysanne, avec le défrichement pour la mise en place de rizières ; l’agriculture moderne, avec la mise en place de plaines hydroagricoles ; l’urbanisme avec des remblais sur mangrove ; le transport, avec la construction de ports dans les estuaires… la croissance démographique a son effet accélérateur sur le défrichement, pour l’installation et l’agriculture. La coupe de bois énergie de mangrove représente actuellement près de 70 000 T/an, pendant que l’agriculture détruit 140.000 ha forêts par an et le fumage de poisson consomme près 530 T de palétuvier ou bois de mangrove par an ».

Il a également alerté sur le fait que « plus de 10 espèces de palétuviers (16 % des 70 espèces de palétuviers, un sixième des espèces de palétuviers connues) seraient menacées de disparition ».

DÉFIS

En termes de défis, attire l’attention sur le manque de protection du littoral en général et les mangroves en particulier.

Les mangroves sont pourtant essentielles à la durabilité socioéconomique et culturelle, affirme-t-il. Mais, ‘’mis à part dans le complexe des îles Tristao récemment classées en aire marine protégée, elles ne bénéficient pas de protection. Par ailleurs, le fait qu’elles se situent en partie en zone immergée et pour la plus grande partie dans le domaine publique maritime, elles ne jouissent pas d’un statut foncier clair ; les prérogatives institutionnelles pour la gestion, la protection et la valorisation de la mangrove doivent encore être précisées de façon à mieux gérer et contrôler les droits d’accès et les défrichements’’, plaide Mamadou Saliou Diallo.

Ce Projet PRISE est financé par la Fondation MAVA et exécuté en Guinée en deux volets par Guinée Ecologie sous la coordination régionale de Wetlands International Afrique de l’Ouest (Volet PRISE 1) et du PRCM (Volet PRISE 2).

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